Puis ce sont des éclairs, lointains au début, avant de se rapprocher avec des flashs rouges à travers les paupières fermées. A deux reprises, le grondement s’éternise en roulant d’un ton grave au dessus des crêtes qui nous surplombent.
Durant toute la matinée, les averses se succèdent sur un fond pluvieux continu, certains vivent cette longue attente sereinement, d’autres sont plus impatients. Les rafales qui descendent des hauteurs malmènent notre campement, quand enfin une accalmie survient en fin de matinée, nous plions notre matériel mouillé au plus vite pour exploiter de cette éclaircie tant espérée.
Nous commençons à nous éloigner de la baie, quand sur bâbord, vers le large, un grain et des éclairs se manifestent, nous longeons la presqu’île de la forteresse vénitienne d’Assos puis la dépassons lorsque soudain au nord, devant nous, le ciel se zèbre aussi d’éclats lumineux.
Pour éviter d’affronter un orage en mer, nous mettons cap au sud pour rejoindre le petit port d’Assos, et le seul voilier croisé depuis 3 jours nous imite.
Nous n’avons pas encore atteint notre abri quand la pluie se remet à tomber et c’est sous un grand tamaris que nous débarquons, avant de nous réfugier dans un beau restaurant du Port. Assis protégés par les panneaux transparents, sur la grande terrasse qui domine le port et avec des spécialités culinaires de Céphalonie dans nos assiettes, nous vivons très bien le nouvel orage qui s’abat sur les ruelles pentues du village.

Nous décidons de nous reposer et récupérer jusqu’au lendemain dans cette escale. La jeune grecque qui nous a servi notre repas, et parle bien français à la gentillesse de téléphoner pour nous trouver un studio pour la nuit.
Romanza Studios domine la ville, et l’accueil de Cristos et son épouse est adorable. Des fleurs, des parts de gâteaux, complètent notre première douche à l’eau douce et chaude et l’accès à internet : quel luxe par rapport à nos nuits spartiates précédentes !
Les prévisions météorologiques pour la suite de notre séjour ne sont pas bonnes, avec le lendemain mardi pluies, parfois orageuses, puis vent fort de Nord-Ouest mercredi, alors que notre ferry de retour vers l’Italie est prévu vendredi.
Quelques rayons de soleil l’après midi nous permettent, tout de même, de faire un peu de tourisme et de nous dégourdir les jambes. Notre visite de la forteresse d’Assos, au milieu des cyprès, des cyclamens et des chèvres, nous offre des panoramas magnifiques, bien différents de notre vision habituelle au ras de l’eau.

De ces vieux remparts en partie écroulés au dessus de l’eau se dégage une sorte d’âme qui inspire l’un d’entre nous, qui part seul méditer sur la tour nord, face au large : quel message va-t-il envoyer aux cieux ?
Un dîner toujours au restaurant Nefeli-Anait et une nuit au sec dans un vrai lit terminent au mieux cette journée qui avait commencé sous de gris auspices.